secret ✧ Cléa

Une accumulation de dystopie.
Nora, elle avait la sensation d'avoir accumulée beaucoup trop de poésie au cours des mois passés, sous toutes les formes, sous tous leurs aspects, une poésie factice, une poésie pourrie, qu'elle marchande au grés de ses fantaisies. Et elle aurait put s'en trouver frustré, la demoiselle, si elle n'avait sut qu'en faire, de tous ces secrets. Comment les exprimer, les manier, les confrontés à cette trop froide réalité qui habillait l'hiver de son plus bel appareil. Est ce que c'est ça l'existence que l'éternité lui avait dédiée lorsqu'un jour la vie, elle lui avait insufflé? A cette femme pas assez humaine, celle qui brûle tout de sa passion infecte. Nora. Elle avait choisit sa destruction, les mots qui mènent à ces terres où ne peut subsister le beau, ces couloirs où l'horreur n'avait ni début ni fin. Qui oserait s'arrêter à un pas du monstrueux? Lorsque l'on fait le mal, il faut être prêt à faire tout le mal. L'extrémité du crime à des délires de joies dont l'ivresse s'embrasse à pleine bouche.

Mais aujourd'hui, mademoiselle Chiastraelli ne revêtait pas l'habit du coeur martyrisé de l'antique catin - elle avait de tout autre dessein. Aujourd'hui, son bureau accueillait la beauté glaciale de Cléa Beauregard - un nom bien prétentieux que voilà, vous ne trouvez pas? Et pourtant l'humanité serait bien en peine de trouver plus délicat que ces yeux là. Mais ces yeux n'étaient pas bon - ces yeux mentaient. On ne pouvait demeurer suprême et avoir le coeur rayonnant d'une chaire vierge de tout péché. De ça, Nora en était persuadé. Il n'y avait que l'innommable qui incombait à tout homme de toute classe.

▬ Cléa, pardonnez moi de vous faire venir jusqu'ici.

Ces masques de parades, ces serments, ce protocole et cette éternelle courtoisie étaient devenus leur marque de fabrique - les enfants de l'hiver, rigide dans leurs carcans moraux, glorieux dans leur suprématie de l'esprit. A force, mademoiselle en connaissait les codes, ils étaient inscrit à même les milliers branlants de son éducation, vestige d'une prétendue perfection qu'elle revêtait à présent comme un masque de chaque instant. La politesse, à bien des égards, faisait bien plus de mal que les révolutions. Elle n'avait que la décence d'en masquer toute l'absurde déréliction.

▬ Mais une information a été portée à mon intention et elle serait susceptible de vous intéresser.

Confortablement installer dans le cuir de son fauteuil, mademoiselle achevait à peine son déjeuner, un verre de vin encore coincer entre ses doigts, collation qu'elle ne manqua pas de servir à son invité improvisé en lui désignant le siège lui faisant face.

▬ Enfin, bien qu'il ne me soit pas encore possible de garantir sa fiabilité.

Oui Nora, elle savait beaucoup de choses.
Des secrets insignifiants et d'autres beaucoup moins innocent.
Mais elle n'était pas femme à leur faire perdre leur temps Nora, c'est pour cela qu'elle laissa glisser la feuille de papier en direction de la suprême obligeamment convier, la laissant elle même profiter de l'information qui lui avait été apporté. La note était rédigée à la main, calligraphie dont l'héritière Chiastraelli qui aujourd'hui habillait de bien sombres desseins.


@Two Black Eyes

secret:

Midi sonne tout pile alors que la suprême quitte ses précieux appartements. Aujourd'hui elle a un rendez-vous des plus étranges avec un membre de son coven. Une sorcière, Nora Chastraelli a demandé un entretient avec les suprêmes pour un sujet sensible d'après ses dires. Cillian n'a pu se libérer pour résoudre cette affaire. Pendant que l'un est hors de l'immeuble, l'autre doit gérer les affaires d'état. Alors pendant que Cléa part en direction du travail de cette fameuse femme, Cillian est occupé avec les cinq conseillers pour des petits problèmes a régler. Cléa a une totale confiance en son frère si bien qu'elle lui laisse carte blanche pour répondre aux demandes sans avoir besoin de la concerter. Elle sait son frère dévoué envers son coven et totalement fait pour son rôle de suprême même si il semble parfois avoir des doutes. A la mort de leurs parents, Cléa a cru que c'est Cillian qui deviendrait seul dirigeant du court. Mais comment à leur habitude, les jumeaux ont passés l'épreuve sacré ensemble si bien qu'ils ont pu se partager la fonction de suprême. De tous les covens, se sont les seuls a fonctionner à deux. Les autres ne sont que seuls au pouvoir si bien que Cléa ne s'imagine pas un jour diriger la winter court sans son frère. Elle a besoin de lui autant que lui a besoin d'elle. C'est vital pour les jumeaux d'être ensemble, cela leur permet de fonctionner comme deux opposés qui se complètent parfaitement.
La jeune femme marche d'un pas décidé dans les rues alors qu'elle observe à droite et à gauche le décors. Elle cherche le moindre défaut, la moindre irrégularité. Mais j'ai les Winters, tout est toujours parfaitement à sa place, rien ne fait défaut, rien ne vient gâcher le décors. C'est la perfection même qui symbolise les sorciers de ce coven. Rien ne doit être de travers, rien ne doit dépasser au fur et à mesure que la Beauregard évolue dans le quartier. Enfin, après quelques minutes de marche, elle arrive à son lieu de rendez-vous. Sans plus de cérémonie, elle franchit les portes du bâtiment. Elle arrive dans le bureau de la jeune femme qui la salue dés son entrée. ▬ Cléa, pardonnez moi de vous faire venir jusqu'ici. La suprême au regard acier se contente de hocher de la tête d'un signe de salutation. La jolie blonde n'est pas connue pour ses actes débordant de chaleur. La Winter remarque le verre de vin entre les doigts de son interlocutrice alors que midi et demi sonne dans les rues de la ville. ▬ Mais une information a été portée à mon intention et elle serait susceptible de vous intéresser. C'est à ce moment-là que Cléa décide enfin de prendre la parole. « C'est ce que j'ai cru comprendre en effet. Comprenez bien que Cillian n'a pas pu m'accompagner mais je suis à votre écoute. » Cléa prend place dans le siège en face de Nora alors que cette dernière lui tend un verre de vin. ▬ Enfin, bien qu'il ne me soit pas encore possible de garantir sa fiabilité. Une feuille glisse de main en main et la fine écriture apparaît sous le regard de la suprême. Elle ne peut s'empêcher de froncer les sourcils en déchiffrant les quelques mots écrits. Ainsi elle a bien raison de vouloir se méfier des wickeds et de pousser Roman à l'accompagner pour s'infiltrer parmi eux l'espace de quelques heures. « Comment avez-vous eu cela ? Si c'est véridique, nous ne pouvons pas les laisser atteindre leur objectif. Nos livres sont notre bien le plus précieux. » Déjà les rouages de l'esprit de la poupée de porcelaine se mettent en marche pour déjouer le plan des immorales. « … Il faut doubler la garde... » Commence-t-elle à murmurer plus pour elle-même que pour la personne qui lui fait face. Cléa vivante, aucun livre ne sortira de son coven.

L'arôme du vin était étourdiment sucrée, avec de légères note boisée. Contre son gros fauteuil, Nora détaillait sa suprême. La chose était devenue monnaie courante, au cours de l'année écoulée, cultivée le trafique des informations, auprès des uns et des autres, sorciers comme humains, sans jamais se soucier du jour où quelqu'un finirait par la coincer. Nora n'ignore pas les foisons de rumeurs dont elle est l'objet. Certaines, complètement farfelues le feraient presque rire. D'autres, narquoises, pernicieux ragots aux accents de vérité colportés par quelques jaloux entachent sa réputation ; elle n'y prête pas plus d'attention pour autant. En revanche, ce sont les racontars des hommes flétries par ses caresses, brisées par sa cruauté, émergeant enfin des bas fonds qui l'inquiètent. On raconte, suppose, imagine tant de chose au sujet de l'héritier. On l'affuble des lauriers de la vertu, le couvre d'éloges de beauté et d'honneur, quand on n'énumère pas ses liasses de défauts, l'accuse de moult coups pendables, souligne l'horreur de ses vices. Pourtant, Nora vaut tellement plus que ça. Ce n'est pas seulement l'irrésistible petite princesse du haut de sa tour, le monstre merveilleusement abject qui meurtrit les coeurs, ou la fille de riche ingrate qui déclame des salves d'obscénités. Derrière sa carapace grossière, Nora dissimule quelques vestiges ébréchés de douceur et de finesse. Sa capacité a être au courant de beaucoup trop de chose, par exemple.

Elle n'en a que faire des ragots enrobant sa morale décadente; les regrets de la petite fille qu'elle était autrefois, l'approbation ou son contraire de la femme qu'elle ait aujourd'hui. Qui s'attarde sur l'artificiel ne vient pas mettre son nez dans le coeur même de ses affaires.

▬ On entend beaucoup de chose lorsqu'on travail dans un si grand établissement. Même si je préserve l'intimité de mes clients, certains détails méritent toute même d'être porté à votre attention.

Elle adopte une expression courtoise en balayant l'interrogation d'un léger mouvement du poignet, avec cette moue un rien aristocratique, vestige d'une éducation trop solidement ancrée pour être totalement occultée. Un léger bruit de gorge lui échappe, et elle glisse son index sur le contour de son verre avant d'en tapoter le bord du bout de l'index.

▬ Si je puis me permettre, peut être faudrait-il songer à faire de cette tentative un exemple?  Si les wicked se permette une telle expédition, c'est qu'ils s'aventurent à sous estimer les sorciers de notre coven.

La réflexion lui était venu au fil de ses différentes découvertes, aspect inhérent de ces incessantes compétition. La force des uns devaient sans être éprouvé pour conserver le respect des autres. La winter court, malgré sa réputation et l'image prestigieuse qui y était rattachée, n'échappait pas à cette règle universel. C'était un jeu de pouvoir, le préambule du chapitre d'une nouvelle histoire, le succès et la gloire des uns se construisait sur les cendres des autres.
Ne restait plus qu'à faire en sorte qu'ils en soient l'auteur.

▬ Et si les wicked nous sous estime, d'autres le feront ensuite.

Sans rien ajouter,  mademoiselle Chiastraelli lui renvoya la balle. Sa voix n'était plus qu'un murmure pensif, mince filet de voix carillonnant dans les airs. Elle haussa obligeamment ses épaules. Fut un temps où ces vaines provocations étaient obligeamment réprimés à coup de sarcasmes et d'avertissement cinglant. Mais l'époque où elle hantait les bancs d'Astoria se faisait lointaine. Et les adultes se servaient de toutes autres armes.

Le masque de neutralité empêche l'inquiétude se prendre des traits de la Winter. Elle ne laisse jamais rien transparaître Cléa. Toujours dans le contrôle, toujours dans la maîtrise de ce qu'elle peut laisser entre apercevoir. En pourrait lui reprocher, à la sorcière, d'être si dénuée d'émotions si on attendait pas d'elle d'être un chef de groupe. Elle ne peut pas laisser ses sentiments la guider. Les besoins de son coven doivent passer avant tout ainsi que la connaissance qu'ils préservent des mauvaises intentions. Le savoir des Winter est sacré, livres précieusement gardés pour que personne ne puissent s'en emparer, encore moins des infâmes de la Wicked. Elle ne peut tolérer qu'une telle chose arrive. Alors la première idée qui lui vient à l'esprit, est celle de mettre plus de soldats de l'hiver devant l'enceinte du bâtiment afin d'empêcher les sorciers de passer. Mais elle ne sait pas si cela peut suffit. Elle sait les soldats entraîner mais elle ne peut prendre le risque de les voir échouer. Se faire voler un livre, dans la bibliothèque presque sacrée, serait une abomination. Les rouages de son esprits tournent à toute vitesse dans l'espoir de trouver une solution. Elle ne veut pas que cela arrive, elle ne veut pas perdre la face. Alors que son corps reste immobile, son esprit s'agite. Les idées défilent dans son cerveau alors qu'elle tente de trouver la meilleure solution possible au problème qui se pose à elle.
Cléa tique aux paroles de son interlocutrice. La jeune femme ne souhaite pas dévoiler la personne qui lui a fourni une telle information. « Avez-vous des choses à cacher à vos suprêmes ? » Ne peut s'empêcher de soulever Cléa d'une voix douce mais qui ne laisse place à aucun doute sur sa nature suspicieuse. La Beauregard continue d'écouter les paroles de la jeune femme qui lui propose de donner une bonne leçon aux futurs intrus dans le but de dissuader les prochains. Cléa prend le temps de réfléchir avant le temps de réfléchir avant de continuer la conversation. Il est vrai que quelque chose de plus radical pourrait être proposé... « Savez-vous vous battre mademoiselle Chiastraelli ? » Demande la suprême, un sourire au coin à peine perceptible, s'attendant à ce que cette dernière lui réponde qu'elle n'est bonne que pour la bureaucratie. « Je vais me rendre moi-même à la bibliothèque pour accueillir nos invités indésirables... Peut-être souhaitez-vous vous joindre à moi ? Après tout,  vous êtes celle qui détient les informations... »

S'exposer de cette façon avait été une décision délicate. Nul ne pouvait lui reprocher ce qu'elle refusait de communiquer et qu'elle était censée ignorer. Mais il était plus difficile de cautionner ce qui parvenait à ses oreilles et qui n'aurait pas dû la concerner - que savait-elle encore qu'elle souhaiterait dissimuler? C'était très certainement ce que Cléa se demandait, ce que n'importe qui se demanderait en vérité.

Après tout Nora, Nora était un secret.
Un mensonge battit sur une multitude d'autres mystères. Une tumeur qui ronge et gangrène lorsqu'on la croit éteinte, un flocon d'hiver qui ne tirerait aucun intérêt au déclin des siens. Qu'importe que tout le monde souffre autour d'elle, si cela lui permet de tracer les contours de son propre dessin. Cléa aurait put être d'un côté ou de l'autre de cette parenthèse, celle de son ambition, de ses joies et de ses peines. Mais elle n'en était qu'une pale figure arpentant sa scène, une pièce importante mais tertiaire, à peine secondaire, loin, très loin de l'aboutissement de ses ambitions.

▬ De vous à moi, si j'avais réellement quelque chose d'important à vous dissimuler je n'aurai pas prit la peine de m'exposer aussi bêtement. Mais vous comprendrez bien que si je me met à parler à tord et à travers mon établissement perdra certains de ses clients, ce qui nuira à mes affaires.

Elle sourit simplement, les sourcils arqués, tapotant ses ongles contre la surface lisse d'une feuille de papier. La question de la suprême lui tire un léger rire. Cléa, elle était intéressante. Cléa, elle jouait doucement avec Nora. Elle tissait sa toile au fil de ses mots, du bout de ses doigts.  

▬ J'ai eut l'occasion d'apprendre quelques bases auprès de mon père.

Oui, n'était-ce pas tout ce qu'on attendait pas? Qu'elle incline sa tête pour que la louve puisse la croquer. C'est fou comme cette entrevue s'avère surprenante, finalement. Nora, c'est fou ce qu'elle peut parvenir à vous distraire dans ses propres contradictions striant son masque de fausse perfection. Ce n'est pas de la manipulation, pas même de l'hypocrisie, c'est le stratagème de ne pas avoir à parler de soi, de développer sur ce que l'on est, mais vous finissez par la connaître, par savoir qui est celle qui répond à cette interrogation au fond de vous, sans cerner vraiment la nature du phénomène. Et Nora avec son attitude sans-gêne, Nora et ses mots joliment austère sortant de sa jolie bouche, Nora avec son air peu affecté, Nora avec son air d'enfant, Nora tout court.

▬ Avec plaisir, ce n'est pas tout les jours que j'aurai l'occasion de voir ma suprême à l'oeuvre.

Nora, elle ne disait jamais non. C'était là la moindre de ses prétentions.